dimanche 18 mars 2012

Check in

Depuis qu'ils ont lancé le pré- check in depuis la maison, je n'y comprends plus rien, moi, à l'avion.

Déjà, check in, ça ne voulait pas dire: "arriver", enfin: "prouver par les actes qu'on va vraiment être dans l'avion", autrement dit: "se pointer à l'aéroport avec son passeport en règle"...? Qu'est-ce qu'ils gagnent, avec ce nouveau système? Moi je pensais que l'une des fonctions du check in, c'était de savoir sur qui on comptait réellement dans l'avion pour revendre à d'autres les places des retardataires et des distraits. Mais si je fais mon check in depuis mon ordinateur et qu'après je ne viens pas, ils ne le sauront qu'à la dernière minute...

Surtout qu'il y a un mic-mac dans les horaires, moi qui m'en tenais à la règle d'arriver deux heures avant le départ du vol, je suis toute perdue.



Comment ça l'embarquement commence à 12h50, mais j'ai jusqu'à 13h pour déposer mes bagages...? (pour un départ à 13h20)

Au fait, je suis à Milan cette semaine. Pour le Festival du Film d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine. Eh oui, c'est que je suis actrice aussi, à mes heures. Une autre corde à mon arc. (Le pauvre, il en a tellement, de cordes, c'est plutôt une harpe. Dommage que je ne sache pas en jouer.)

mardi 13 mars 2012

Appétissant

Au moment où je prenais cette photo de la devanture d'une pâtisserie arabe, une dame en est sortie, un paquet à la main, et elle m'a dit: "Moi aussi j'avais envie de les prendre en photo, ces gâteaux, ils sont tellement appétissants!". Apparemment, elle avait fait mieux que de les prendre en photo, elle les avait achetés. Et moi, je l'aurais bien imitée.


En même temps, quelque chose me laisse perplexe: d'où vient qu'on puisse trouver appétissants des objets aux couleurs si évidemment artificielles? Avec des paillettes! Pourquoi ces formes d'étoiles et de couronnes ornées de festons nous donnent-elle envie de les manger? Si notre cerveau avait deux doigts de logique, ne devrait-il pas au contraire nous avertir: "Attention, objet probablement non comestible"...?

Les couleurs et les formes nous attirent. Nous voulons les posséder, les porter, les manger... Je me demande quel sens donnerait à cela un spécialiste de l'évolution.

mardi 6 mars 2012

Vestibule

Quasiment tous les logements possèdent une "entrée", espace intermédiaire entre la porte d'entrée et les pièces. Mais il est rare qu'elle rende un bien grand service: c'est juste un lieu de passage où l'on laisse ses affaires en entrant, —parfois même pas ça. Pourtant, une pièce conçue de manière adéquate, un véritable "vestibule", ou "mudroom" comme l'appellent les Américains, pourrait se révéler très utile.

Prenez, pour changer, votre blogueuse. Il est neuf heures du soir et je me prépare à sortir avec des amis. Où est ma veste? Accrochée au porte-manteaux dans l'entrée. Et l'adresse du rendez-vous? Sur le bloc-note à côté du téléphone, dans le salon. Zut, on dirait qu'il va pleuvoir: mon imperméable est en haut dans ma penderie. Je suis présentable? Petit tour par la salle de bain. Et mes clés, où est-ce que je les ai laissées?

Dix minutes à parcourir la maison à la recherche de mes affaires. Et encore heureux que je ne vous aie pas raconté comment c'est quand je sors avec mes enfants, et que l'un s'échappe dans le jardin pour faire un tunnel de terre pendant que je cherche les chaussures de l'autre.

Une entrée assez grande et équipée pourrait réunir toutes ces choses dont nous avons besoin dehors et pas dedans: manteaux, écharpes, parapluies, sacs à main, chariots. Comme ça on ne fait pas des allers-retours pour les chercher avant de sortir ni pour les ranger en arrivant; elles sont à l'endroit où l'on a besoin d'elles, et elles y sont toutes, pour choisir la plus appropriée pour l'occasion.

Par ailleurs, on dit qu'il ne faut pas ranger ces choses-là avec les vêtements propres: elles les contaminent. Quant aux chaussures, je trouve hautement civilisé l'usage arabo-asiatique de les retirer au seuil d'une maison. Tous, visiteurs compris, circulent dans le logement en chaussons ou en chaussettes immaculées. Les maisons qui fonctionnent ainsi me font un effet intime, propre, doux. C'est beaucoup plus hygiénique si l'on veut utiliser des tapis ou moquettes. Or ceux-ci sont un très efficace isolant thermique, à considérer en ces temps de conscience énergétique, ainsi qu'un isolant phonique fort bienvenu dans les immeubles d'appartements.



Mais le coup d'entreposer dans son entrée toutes les affaires d'extérieur requiert autre chose qu'une patère et un coin d'escalier, du moins pas dans une famille de plusieurs personnes. Il faut une vraie armoire où entrent tous les vêtements et accessoires d'extérieur de tous les membres. Et pour choisir les choses et se les mettre, il est pratique d'avoir quelques sièges, ainsi qu'un miroir en pied. Les toilettes s'utilisent beaucoup juste avant de sortir ou juste en arrivant, surtout avec des enfants et leurs éternelles mains sales, de sorte qu'il est utile qu'elles se trouvent pile là, donnant sur le vestibule, et équipée bien sûr d'un lave-mains.

Autre chose qu'il est bien pratique d'avoir dans l'entrée c'est une petite table. Ça permet de remplir un sac, se vider les poches en arrivant, déposer les courses, ouvrir le cadeau des invités... La même table peut servir de station téléphone: base du fixe, chargeurs des portables, bloc-notes, répertoire, plans, menus des restaurateurs à domicile... Et elle peut être idéale comme poste pour "objets en transit": —je ne connais pas de maison qui n'ait pas son endroit où les gens déposent ces choses-là: le courrier arrivé, le film à rendre, le vêtement égaré, la liste de courses, le dépliant à garder... C'est un vrai besoin, mais qui est rarement pris en compte au point d'accommoder un lieu spécialement pour ça. Le résultat, c'est que la fonction squatte une surface (souvent dans la cuisine) en créant une impression de désordre. Le vestibule est l'endroit le plus approprié pour elle, et si on lui assigne un meuble doté de suffisamment d'espaces de rangement, il gardera un air limpide.



Illustrée ici, une ancienne coiffeuse a été recyclée en table de vestibule: le miroir est remplacé par un tableau métallique avec des aimants, des crochets dans le cadre suspendent les clés, des prises électriques permettent de recharger les téléphones, un plat original sert de vide-poche, et les nombreux tiroirs abritent proprement annuaires, paperasse, et tous ces petits objets qu'on ne sait jamais où mettre.

L'amélioration de rendement générée par ces dispositions peut sembler peu cruciale à certains, mais pour des gens qui ont des bébés, des enfants petits ou des problèmes de mobilité, elle peut s'avérer extrêmement significative. Je le dis, comme toujours, d'expérience.

Dans un petit appartement, une "mudroom" comme celle-ci-ci prendrait trop de place. Mais je ne crois pas que la bonne réponse soit de lui mettre une entrée toute petite: ça ne sera qu'un mètre carré et demi de perdu. Au lieu de ça, je suggèrerais d'éliminer complètement le vestibule et entrer directement dans la pièce principale, mais en prévoyant armoire, table et toilettes près de la porte.

vendredi 2 mars 2012

Cerebos

Il y a belle lurette que plus personne ne fait accroire aux enfants qu'ils pourront attraper des oiseaux en leur versant du sel sur la queue. Manifestement, il n'y a plus grand monde à qui ce bobard dise quelque chose, ils sont tous morts et leurs enfants n'ont pas lu Bécassine. En tout cas, c'est ce que doivent penser les conseillers en communication de Cerebos, la marque de sel dont les emballages portaient jusqu'à il y a peu l'image d'un petit garçon espiègle chassant un oiseau à grands coups de salière.


Non non non non, auront dit les communicants. Que c'est vilain, que c'est violent, que c'est politiquement incorrect. Ce qu'il vous faut c'est une nouvelle image, plus dans l'air du temps. Gardez l'enfant, gardez l'oiseau, on n'y verra que du sel. Mais faites-en quelque chose d'actuel, quelque chose de cucu-la-praline, quelque chose de grandiloquent. Mettez que l'enfant était malade, que l'oiseau est venu lui apporter du sel pour le guérir. Ça tient debout, si si si si, parole d'experts. Il faut faire ancien, c'est plus actuel. Réécrivez votre logo dans un style plus rétro, ajoutez la date dessous pour être sûrs qu'on comprenne. Voilà, that is the chef-d'œuvre, une histoire d'amitié transraciale et gnan-gnan, digne symbole de cette époque où le monde était beau et les enfants gentils, pas comme les petits monstres de maintenant avec leurs jeux video, et où Cérébos veillait déjà, iodé.

jeudi 1 mars 2012

Fred Faruggia

Je suis tout de suite tombée sous le charme de ce kit de maquillage de Fred Faruggia que ma sœur m'a montré.



C'est un écrin à la forme très originale, inventée par le célèbre Ora-ïto. Le concept est que les fards viennent sous forme de "modules"; on en choisit autant qu'on veut dans une large gamme, et on les clipse par l'extrémité aimantée entre un fond miroir et un couvercle. Selon les créateurs, tout le maquillage d'une personne peut être contenu dans un seul objet compact et totalement personnalisé.

L'écrin est très agréable, pas luxueux mais pas cheap non plus. Le style est sobre tendance ludique. J'ai beaucoup aimé le manipuler, sentir comme il se refermait avec un petit clic juste. Un objet très séduisant, tant par son concept de tout intégré et modulable, que par sa forme différente.

Alors passons à d'autres questions: les acheteurs en sont-ils contents? Leur sert-il réellement à tout? Cette nouvelle forme va-t-elle être adoptée définitivement par le plus grand nombre, ou même par un petit nombre, ou restera-t-elle une expérience isolée?

Le site de Sephora, distributeur exclusif de la marque, contient de nombreuses appréciations de clientes, qui sont pour la plupart enthousiastes. Il y a un détail qui revient tout de même: celles qui se maquillent beaucoup le trouvent trop gros pour être viable, il serait surtout adapté à des retouches à l'extérieur. Je remarque que celui de ma sœur ne prétend effectivement pas suffire à un maquillage complet, ne parlons pas d'une palette de passionnée.

Je fais un petit test: est-ce que je peux me composer un kit qui couvre tous mes besoins, qui devienne mon seul et unique objet de maquillage?

Voici le contenu de mon panier virtuel chez Sephora:
  • le "full set", c'est à dire la base où se clipsent les modules, —pas la petite avec juste le miroir, mais celle dont le fond est un tiroir contenant les pinceaux.
  • une poudre compacte.
  • un blush poudre.
  • un "kit regard", soit un fard à paupières pouvant servir d'eyeliner, et un fard à sourcils.
  • un mascara cake
  • un rouge à lèvre crème et gloss transparent.
Le résultat est un objet du prix de 95€ et d'une hauteur estimée de 6 à 7 cm. 

Le tarif reste raisonnable pour un set complet. Surtout que celui-ci garde l'avantage d'être renouvelable séparément et aussi d'être constitué petit à petit, donc sans faire l'investissement tout d'un coup.

La hauteur est plus problématique. Je n'ai malheureusement pas sous la main les mesures exactes. Mais le petit kit de ma sœur entrait déjà difficilement dans sa pochette, pourtant prévue à cet effet et incluse dedans. Avec mon set, elle devient inutilisable, et je dois trouver ailleurs de quoi éviter qu'il ne s'ouvre accidentellement dans mon sac, nécessité impérative vu le mode d'ouverture.

En fait, cette pochette est la tare visible de cette création: c'est évidemment un mauvais système qu'un étui de taille fixe, pour un objet dont le charme est de prendre toutes les tailles possibles. En même temps, quelque chose est nécessaire pour empêcher l'écrin de s'ouvrir pendant le transport. Je suggère que monsieur Ora-ïto se penche sur la question.

Supposons le problème réglé, ce kit a-t-il un avantage sur la bonne vieille trousse garnie de produits glanés çà et là? —À la réflexion, j'en doute.

D'abord pour l'ergonomie: ma tour de 6-7 cm, si je l'ouvre pour me maquiller, et que je la tiens par la colonne d'aimants, je ne suis pas sûre qu'ils n'aillent pas se déclipser sous la pression, ni que la position ne me donne pas une crampe. Je n'ai pas testé, donc je ne veux pas m'avancer, mais je soupçonne qu'on a moins de liberté de mouvement.

Ensuite, parce que le choix a beau être large, il va rester par définition plus limité que l'offre totale sur le marché. Imaginons que finalement, le mascara de ce kit ne me plaise pas, ou la poudre: il n'y a rien à faire, je vais devoir maintenir d'autres produits à côté. En fait je parie que bien peu d'utilisateurs vont réellement user de la fonction tout intégré; pour la plupart, ce sera comme pour ma sœur, une palette de plus dans leur vanity.

Or là, l'objet n'est pas aussi compact que les formes existantes, avec son gros aimant sur le côté. Cette palette de la photo prendra finalement moins de place dans un traditionnel poudrier bivalve ou de petites boîtes de fards unitaires.

Bref, comme beaucoup d'innovations, celle-ci est très séduisante à première vue, mais peut entraîner plus de problèmes qu'elle n'en résout. Un peu poudre aux yeux, si vous me pardonnez le jeu de mots...

mercredi 29 février 2012

Personnalisé

Il y a dans cette ville une personne qui ne doit pas confondre ses bacs à poubelle avec ceux de ses voisins.


mardi 28 février 2012

Vive la copie

Lors de ma dernière visite au Chili, je suis tombée en arrêt devant la vitrine d'une boutique de chaussures: des Robeez! (Si vous avez de jeunes enfants, il est peu probable que vous ne connaissiez pas ces chaussures en cuir souple qui ont révolutionné les pieds des bébés. Devenues très populaires en Europe et aux Etats-Unis, elles étaient encore inconnues en Amérique du Sud il y a un an.)

Je regarde de plus près: non, ce ne sont pas des Robeez, ni aucune des autres marques de ma connaissance qui ont fleuri à sa suite (certaines revendiquent l'antériorité). Ce sont des Kuggz, 100% chiliennes.



Non seulement la fameuse forme qui ne s'échappe pas du pied y est, je reconnais aussi carrément des designs que j'ai achetés à mes mouflets dans le catalogue de la maison sus-mentionnée; et jusqu'au style du logo.

Est-ce que ça me choque? Pas le moins du monde.

Avant eux, il n'y avait pas de chaussons de cuir souple qui tiennent aux pieds au Chili. Et croyez-moi, c'est un manque. Si vous en vouliez, il fallait les commander au Canada. Tarif pays riche, plus frais de port. Ceux-ci sont à moins de 10.000 pesos, soit environ 15 euros, tout à fait abordable. Et ils ont créé du travail pour des Chiliens, qui n'est même pas du travail piqué aux Canadiens puisqu'ils n'avaient guère de chances de vendre sur ce marché.

Mais les avantages sociaux et écologiques ne sont pas tout. La copie, c'est aussi bon pour la créativité. Paradoxe? Johanna Blakley explique ici que l'industrie de la mode est aussi vivante parce qu'elle n'a pas de copyright. Entre autres bénéfices, l'absence de protection pousse les designers à se surpasser, et accélère et approfondit le cycle d'innovation. Impossible de se reposer sur ses lauriers, en d'autres termes.


Et de la copie, au sud du monde, j'en ai vu. Des pubs de lingerie pompées sur les leçons de séduction d'Aubade, aux petits fromages industriels aux noms d'AOC françaises. Même moi je me suis fait pomper. J'avais lancé une campagne en faveur de l'ouverture du mariage aux couples homos, avec le slogan "Yo no me caso hasta que todos puedan" ("Je ne me marie pas jusqu'à ce que tout le monde le puisse"):


Et regardez ce que ça a donné quelques mois plus tard, chez une enseigne de prêt-à-porter: "Nous ne nous marions pas jusqu'à ce que tout le monde le puisse".


Clin d'œil ou appropriation sans vergogne? Moi: très fière, et heureuse qu'une idée à laquelle je crois soit plus diffusée.

Ceux qui ne veulent imiter personne ne créent jamais rien.
Salvador Dalí