jeudi 24 novembre 2011

Le choix et la clarté

Voici un TED Talk qui m'a apporté une nouvelle lumière sur une question qui me préoccupe depuis toujours: ce qui guide nos choix. J'avais compris toute petite que nos critères de choix n'étaient pas toujours objectifs, ni évidents à nos yeux. Sheena Iyengar expose que notre approche de la notion même de choix est différente selon les cultures. Ses anecdotes sont passionnantes, et sa vision particulière du problème, révélatrice.



Sa dissertation m'a amenée à repenser à mes critères de choix. J'ai toujours cru que la clarté pouvait tout. Chaque choix, me disais-je, est motivé par une série de raisons: vérités scientifiques, contraintes techniques, conclusions logiques, considérations stratégiques, préférences personnelles... Les exposer clairement doit me permettre de convaincre mon interlocuteur de la validité de mon choix, ou bien, le cas échéant, il m'apportera les arguments qui me feront changer mon jugement.

En fait j'ai dû noter avec le temps que les gens ne répondaient pas très bien à cette façon de faire, en général. Je m'en suis mis à dos un certain nombre.

La dernière en date, ç'a été plutôt cocasse. C'était une Japonaise, précisément. Elle venait d'emménager en-dessous de chez moi, travaillait en horaires décalés, et se plaignait du bruit. Je lui ai répondu que j'allais faire de mon mieux, mais que l'immeuble était très mal isolé et que mes enfants ne pouvaient pas se transformer en momies, et que par conséquent je voyais deux solutions: qu'on demande ensemble au propriétaire de me poser de la moquette, ou qu'elle se trouve un appartement plus adapté à ses besoins. Ça me paraissait très raisonnable; elle m'a claqué la porte au nez.

Si les critères de choix sont fortement culturels, c'est sans doute aussi vrai du goût pour la clarté. À ce qu'on m'a dit, il est très malpoli au Japon de se dire les choses en face (là c'est sûr qu'avec ma franchise, on était mal barrées, avec ma voisine).

Aux Etats-Unis, les marques prennent souvent la peine de présenter de manière très détaillée les mérites de leurs produits. Les consommateurs doivent en général bien réagir à un discours qui cherche à convaincre avec des arguments rationnels. J'oserais avancer qu'ils y voient une marque de respect.

En France, j'ai l'impression qu'il y a une tendance inverse. Si on leur expose trop les choses, les consommateurs pensent qu'on les prend pour des cons. Donc il faut jouer en finesse pour faire passer le message, tout en ayant l'air de croire qu'ils le savaient déjà. On est beaucoup plus dans la persuasion.

Ce qui n'empêche nullement les uns, les autres et les troisièmes de se vendre à peu près n'importe quoi. Il faut juste adapter sa stratégie. Je ne sais pas si je pourrais être publiciste en France. En Asie, et bien qu'on m'ait souvent accusée de faire des chinoiseries, j'ai un doute plus sérieux.

jeudi 17 novembre 2011

Couverts

Voici un instantané de mon bac à couverts au moment de faire tourner le lave-vaisselle, soit 48 heures après le dernier:


Une remarque, quelqu'un? Oui: il n'y a plus de petites cuillères. Ça fait même deux repas qu'on a dû en laver à la main.

C'est parce qu'une ménagère de douze couverts, c'est pensé pour faire douze fois ça:


Alors que dans la pratique, un repas, ça ressemble souvent à ça:


Ou à ça:



Ou encore à ça:

Et puis il n'y a pas que les repas: il y a la préparation, la petite cuillère qu'on utilise pour mettre un petit peu de moutarde dans la vinaigrette et un peu de crème dans les épinards; il y a les yaourts de minuit et les compotes de six heures moins le quart; il y a le sirop pour la toux et la poudre antigrippe; et enfin il y a les accidents de poubelle, dont les mignonnes petites cuillères sont les premières à faire les frais.

Bref, si on me demandait de dessiner une ligne de couverts, j'y mettrais le double de petites cuillères.

... Et des couteaux qui coupent.

jeudi 10 novembre 2011

Mon séjour n'est pas un salon

Je n'ai pas de canapé, je n'ai pas de table basse, je n'ai pas de télé. Dans mon séjour, il y a: trois petits bureaux avec ordinateurs, une machine à coudre, une armoire pleine de matériel de dessin, peinture et bricolages divers, une étagère avec des livres et des jouets, et une grande table. Mon séjour n'est donc pas un salon mais plutôt une salle de jeu-bureau-atelier. Il reflète ce que les habitants de la maison, mes deux enfants et moi, faisons de notre temps libre.



Nous nous sommes fait une pièce sur-mesure, pensée pile poil pour ce que nous aimons faire, de manière à le faire au large, au beau et en compagnie: quoi de plus normal? Est-ce que tout le monde ne conçoit pas sa maison selon son goût et ses besoins? Tout le monde, bien sûr. Donc, si la majorité des séjours est un salon, avec canapé, table basse et télé, c'est parce que la majorité des gens, dans son temps libre, s'installe commodément pour zapper ou reçoit ses amis autour d'un verre. Comme dans Friends, par exemple.




Eh bien pourtant,  pas toujours.
Je vois des maisons où le salon, très beau et bien décoré, est à peu près toujours désert, tandis que les activités favorites des habitants se déroulent dans d'autres pièces. Typiquement, dans une famille, on met les jouets des enfants dans leur chambre. Ils grandissent; on y ajoute un bureau pour les devoirs, un ordinateur. Ils ne regardent pas les mêmes programmes que leur parents, chacun aura sa télé dans sa chambre. Les hobbies, —des grands comme des petits—, les chevalets de peintre, les guitares électriques, les vélos d'appartement, les établis de bricoleurs, etc. iront dans la chambre, dans un garage, un grenier, un placard, un coin où on ne les voie pas trop. —Enfin, on risque de les voir beaucoup dans cette pauvre chambre, qui était déjà plus petite et plus sombre. Mais le salon, lui, restera impeccable.

C'est vers le milieu du XXe siècle que tout un chacun s'est mis à posséder un salon. Avant, cette pièce de réception était l'apanage des demeures bourgeoises, tandis que les logis modestes n'avaient qu'une "salle" à tout faire. Est-ce cette origine élégante qui lui colle à la peau? On a eu beau ouvrir la cuisine dessus et y accueillir la technologie audiovisuelle, on continue à en bannir toutes ces autres activités.  Celles-ci se voient toujours reléguées à des pièces moins nobles, dans le même temps où le boom économique les rend toujours plus nombreuses.

Il y a plusieurs inconvénients à cet état de faits. L'un est un déséquilibre esthétique et pratique dans le logement: une pièce lumineuse et dégagée et d'autres trop pleines, gâchées dans leur apparence, et bien difficiles à nettoyer. L'autre, c'est que les gens ne sont pas ensemble.

On se plaint souvent des adolescents qui s'enferment dans leurs secrets, de la perte constante de la communication familiale. Mais comment s'en étonner, si chacun doit vaquer à ses occupations dans son coin? C'est bien de partager les repas, mais ce n'est pas toujours évident de transmettre toute son actualité personnelle dans ce contexte. Alors que si on est dans une même pièce en se livrant, qui à son hobby, qui à une tâche ménagère, on reste sans effort au courant de ce que fait l'autre, des difficultés qu'il rencontre, des fiertés qu'il remporte. Les enfants ont cet instinct et veulent toujours jouer à proximité des grands et leur montrer à tout bout de champ ce qu'ils font. Je crois que c'est une inspiration socialement très saine.

Une habitation ne devrait pas avoir de sanctuaire et de zone poubelle. Elle devrait tout entière être un sanctuaire, car chaque activité des occupants devrait être respectée. Ce qui signifie lui donner la place, l'équipement et la sociabilité qui lui convient par rapport aux autres.

Les pièces de la maison sont définies par l'activité qu'elles hébergent: la salle de bains pour se laver, la cuisine pour cuisiner, la chambre pour dormir. Le séjour en a une plus ouverte, c'est celle où l'on passe son temps. C'est la plus grande et la plus claire, pour que vous y fassiez ce qui vous tient le plus à cœur. Alors, pour vous, qu'est-ce que c'est? Voulez-vous y manger, y recevoir? Y faire de la musique, de la couture, de l'ordinateur? Tout ça à la fois? À vous de voir quelles activités y seront bien, et lesquelles seront mieux ailleurs. Sans a priori et sur mesure.

jeudi 3 novembre 2011

Un fond de robe mini

Je suis à la recherche d'un fond de robe mini, et je n'en trouve nulle part.

C'est quand même drôle: des mini-robes, on en trouve partout, or une bonne partie ne sont pas doublées. Moi j'en ai trois: une en maille côtelée de laine, une en molleton de coton et une autre en jersey de coton. Pas vraiment moulantes mais près du corps, un modèle très courant. Et qu'est-ce que ça fait, une robe comme ça, au contact d'un collant? Ça s'accroche, ça se tortille et ça remonte.

Personnellement, je trouve ça rédhibitoire. Je me suis donc mise en quête de quelques fonds de robe à porter dessous. J'ai fait le tour des boutiques, physiques et en ligne, et voilà ce que je retiens:
  • Beaucoup de marques ne font pas de fond de robe du tout.
  • La majorité des fonds de robe proposés est en grande taille, avec de la dentelle, couleur chair, blanc ou noir, et en matière synthétique.
  • La longueur est de 100 ou 90 cm (mes mini-robes, elles, en font 84).
  • Détail annexe: tous ceux que j'ai essayés avaient en plus trop d'ampleur pour mes robes droites.

Un seul modèle, trouvé sur une boutique en ligne belge, s'intitulait "mini". J'ai demandé la longueur exacte au vendeur, mais je n'ai pas eu de réponse. Parce que c'est marqué "+/- 10 cm au dessus du genou", mais avec les différences de longueur de cuisse d'une femme à l'autre, ça ne pèse pas lourd comme renseignement. Et ce n'est même pas très court, d'ailleurs.

Moi j'aurais aimé trouver quelque chose d'à peu près comme ça:


Bien court, donc mettons 80-82 cm pour une taille 36. Légèrement fendu sur le côté pour donner du jeu sans faire d'ampleur. En satin ou popeline de soie, tellement plus agréable! Et en jolies couleurs gourmandes: c'est si sensuel d'apercevoir un peu de couleur et de douceur sous un vêtement plus strict, —l'un des grands charmes de l'hiver...

Princesse Tam-Tam possède une ligne de nuisettes de soie intitulée Taquine qui me semble tout à fait dans cet esprit. (Je remarque que le choix de couleur sur le site est bien mince par rapport à ce que j'ai vu en boutique... Reflet d'un resserrage de la gamme?) Par contre, l'ampleur défend absolument de l'utiliser comme fond de robe.

Et si vous lanciez quelque chose comme ça, mesdames? Ça pourrait faire aussi nuisette, ou garder le haut apparent avec une jupe...