jeudi 8 décembre 2011

Affres du classique

Pour écouter de la musique classique sur les supports actuels, il faut vraiment le vouloir.

Déjà, les pochettes des disques, c'est pas génial:



Entre les reproductions de tableaux plus ou moins d'époque et les portraits de pianistes, on est servis niveau graphisme.

Et puis, en classique, on a un tas d'informations à faire passer: le chef d'orchestre, l'orchestre, l'autre orchestre, les solistes, et puis quand même le compositeur, les œuvres, et en plusieurs langues pour que tout le monde comprenne... en général étalé sans beaucoup de finesse en plein sur la couverture.

Ce n'est pas parce qu'on a des oreilles qu'on ne peut pas avoir de l'œil, quoi!

Mais le pire n'est pas là. Il est ici:



Voilà ce que ça donne sur iTunes. C'est un bazar innommable.

Vous voyez l'album de Paul Simon en haut: chaque chose à sa place, une touche de fantaisie, tout va bien. Le format est pensé pour lui.

Et vous voyez en dessous mon coffret des œuvres pour orchestre de Ravel par Pierre Boulez: coupé en petits morceaux, mis à l'envers, et bourré de texte répétitif qui ne tient pas dans les lignes. Ce texte, ce sont les mêmes informations qui sont déjà si mal agencées sur les pochettes: compositeur(s), œuvre(s), interprète(s)...

Qu'est-ce que vous pensez que je vais vous dire: qu'il faut la retirer, cette information? Pas du tout!
On a un outil informatique, autrement dit, capable d'organiser et de servir avec grâce tout ce qui est information: c'est bien le diable s'il ne peut pas faire mieux que le papier!

Par que, en l'état actuel, ce n'est pas parce qu'il y en a partout qu'elle est utilisable, cette information. S'il me prend l'envie d'écouter le Concerto pour la main gauche de Ravel, il faut que je me souvienne d'aller le chercher à "1-Concerto For The Left Hand" par "Philippe Entremont, Pierre Boulez, Cleveland Orchestra".

Non, ces données, il faut au contraire profiter de l'informatique pour les déployer, et donner ainsi à chaque élément d'une œuvre classique la place qu'il mérite, et dont moi consommateur j'ai besoin.

D'abord, une évidence. Pour le classique, celui qu'il faut mentionner sous la rubrique auteur, c'est le compositeur, et pas l'interprète. C'est comme ça que c'est classé dans les boutiques et dans les bibliothèques, c'est l'association logique. Ça vous permettra de voir sur votre écran tout ce que vous avez de Mozart en cliquant sur l'onglet correspondant, comme vous pouvez voir tout ce que vous avez de Led Zeppelin. Et ça évitera du même coup que, pour compenser, on vous recolle "Mozart" dans chaque titre de morceau.

Ensuite, bien sûr, il faut donner aux interprètes la place qui leur revient, en créant la rubrique correspondante. Mais attention: souvent, il n'y a pas qu'un seul interprète, dans un morceau classique: vous pouvez avoir tout à la fois un orchestre, un chef d'orchestre et un soliste. Eh bien, vive l'informatique: un sous-onglet différent pour chacun. Comme ça, si je veux, je peux mettre sous mes yeux tous mes morceaux chantés par Maria Callas ou dirigés par Karajan.

Autre information qui, faute d'être séparée, est à la fois répétitive et non recherchable: l'œuvre. Eh oui, dans les paramètres actuels, vous avez l'album et le morceau. Mais certaines œuvres font moins d'un disque mais plus d'un morceau, ou alors plus d'un disque. Avec un onglet séparé, je pourrais afficher mes versions de la Rhapsodie espagnole, et écouter Don Giovanni d'une traite.

Pour ne pas surcharger, on pourrait avoir deux modes de vue. L'un autour de l'album et de ses interprètes, comme pour la pop, et l'autre autour des auteurs et des œuvres. Ce dernier serait l'apparence par défaut dès que le disque serait estampillé "classique", mais on pourrait d'un clic passer sur l'autre mode pour afficher les informations relatives aux interprètes.

Ultime proposition: selon le pays dont vient votre disque, vous aurez tour à tour "Tchaïkovski", "Chaikovski" ou "Čajkovskij"; Casse-Noisette, The Nutcracker ou Lo Schiaccianoci. Nombreuses pochettes de disques font d'ailleurs état de ces versions divergentes en mentionnant les principales traductions. Une fois de plus: que l'informatique soit un progrès par rapport au papier, et qu'une base de données vous offre automatiquement la version du nom en usage dans votre pays, de manière à harmoniser votre bibliothèque musicale et ne pas fausser vos résultats de recherche.

Certains vont me dire que les vrais amateurs de musique, ils ne l'écoutent pas sur un iPod. C'est sans doute vrai, super pour eux. Moi je pense qu'il existe un public qui n'est pas un amateur très averti, qui se contente du MP3 pour sa consommation quotidienne, et qui se retrouve à écarter le classique de ses appareils, à cause de la salade de nouilles qui en résulte sur ses écrans. Je suis bien placée, j'en fais partie. Si j'étais à la place des musiciens, et de leurs producteurs, je crois que j'aimerais autant ne pas me couper de ce public pour une bête question d'informatique...

Et puis, soit dit en passant, si avec ces deux modes, on pouvait afficher et rechercher facilement les compositeurs, paroliers et instrumentistes des albums de pop, et mieux intégrer le jazz, les compilations, et toutes les musiques qui sortent du cadre... ce ne serait pas forcément un mal, non?

1 commentaire:

  1. L'Atelier de Marsanne8 décembre 2011 à 19:28

    Et moi qui croyais que j'étais la seule à avoir une bibliothèque de classique toute pourrie sur iTunes... Combien de fois j'ai râlé parce que je ne pouvais pas écouter les Noces de Figaro d'une seule traite ! Ou les concertos de Mozart ! Alors oui je milite à fond pour qu'iTunes nous organise une bibliothèque classique digne de ce nom.

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